Les cycles d'évolution, de l'analyse à l'action.
On parle souvent du changement et cela fait peur, car, derrière le changement, un impératif fait jour : je dois être quelqu'un d'autre, or je n'ai pas vraiment envie d'être quelqu'un d'autre. La notion d'évolution est mieux ressentie parce qu'elle semble moins brutale. Lorsqu'une personne évolue, elle traverse différents cycles

Le lancement...
C’est une période où l’on est exclusivement centré vers l'extérieur. Phase dans laquelle je me trouve lorsque je démarre un travail ou une relation affective en laquelle je crois. J'ai envie d'apprendre, de progresser. Je suis dans l'enthousiasme, dans l'énergie et je suis très motivé(e).
Dans ma vie privée : Je tombe amoureux(se). Je suis centré(e) sur les bienfaits, les qualités et les compétences de cette personne. Je vois uniquement le beau chez lui ou elle. Je suis complètement passionné(e) par la relation et malgré un emploi du temps chargé je me libère pour la (le) rencontrer et l'écouter. Une capacité d'écoute incroyable, mais qui disparaît parfois rapidement. Je désire construire ma vie avec elle ou lui.
Le plateau…
Puis arrive la phase "plateau", je désire bénéficier de la réussite de ce que j'ai accompli. En clair, j'aime la personne ou mon travail, je suis conscient(e) de ses qualités et de ses défauts et tout va bien.
Au niveau professionnel, en phase plateau, on se pose la question « Que dois-je faire pour l'alimenter ? Qu'ai-je besoin d'apprendre, de développer pour continuellement aimer mon travail et être passionné par celui-ci ? De quoi ai-je besoin ? »
Au niveau du couple : « De quoi ai-je besoin pour améliorer ma relation de couple ? Pour pimenter ma relation ? De quoi ma compagne (mon compagnon) a-t-elle(il) besoin ? De quoi ai-je besoin ? »
Si vous vous posez en permanence ces questions, vous pouvez maintenir une phase plateau pendant des années. En revanche, si vous n'alimentez pas cette phase, vous passez en phase 3...
... Le déclin
Phase dans laquelle j'aime toujours ce que je fais, mais certaines choses ne me conviennent plus et me pompe de l'énergie. J'aime la personne avec qui je vis sauf que certains de ses comportements me dérangent comme la jalousie par exemple.
Voilà ce que l'on appelle le déclin : je suis toujours tourné(e) vers l'extérieur, je bâtis mon chapitre puisqu'en phase 1 et 2 on est toujours dans la construction d'un nouveau chapitre de vie, mais je vais avoir des choix à faire : phase de résolution des problèmes : « identifier ce qui me convient et ce qui ne me convient pas. »
Deux possibilités :
Soit, je pose une action me permettant de régler le problème rapidement et je reviens en première phase (mini-transition) : meilleure gestion affective ou administrative... je me motive à nouveau, j'avance, j'apprends.
Avec ma compagne ou mon compagnon, j'engage une vraie discussion afin de lui expliquer que ses comportements sont inadéquats. Également je réfléchis sur mes propres comportements qui ont pu générer ce problème. Chacun fait des efforts, elle ou il s’engage par exemple, à ne plus rentrer dans des scènes de jalousie et moi à surveiller mes comportements. Suffisant pour revenir en première phase.
Soit, je n’ose pas ou ne peux pas poser le problème alors la mini-transition devient impossible, on est alors obligé de mettre en place une suite de mini transitions qui coûte beaucoup d'énergie. Par exemple :
Dans le travail : les difficultés récurrentes provoquent un manque de passion et font qu'on est plus centré sur la problématique que sur la créativité, je me lasse à un moment donné.
Dans le couple : malgré diverses conversations, elle ou il multiplie et de manière convulsive les crises de jalousie. Cela devient de plus en plus pénible et de moins en moins gérable à tel point qu'on ne croit plus aux mini-transitions. Vous rentrez en phase trois.
... Le marasme ou cocooning
C'est un moment où les personnes peuvent changer de profession ou de fonction ; c’est le moment où l’on se dit « Je ne veux plus de ça ». C’est la période des remises en question.
Au niveau du couple : on peut se demander « Qu'est-ce qui m'a fait rencontrer cette personne » et me rendre compte que j'étais conscient(e) (intuition) de la problématique de cette personne, mais que j'étais en mode sauveur(se) et que je pensais pouvoir régler le problème : la toute-puissance. Là, je devrais me poser les vraies questions sur moi-même, qu'est-ce que je veux vraiment ? Qu'est-ce qui a fait que j'en suis arrivé(e) là ?
Culturellement en Europe, on a peur d'entrer dans cette phase, la seule dans laquelle il paraît malsain de se retrouver.
« Après avoir divorcée, j'étais invitée par des amies où il y avait de beaux célibataires, mais je n'avais pas envie de cela, j'étais dans une période où j'avais besoin de me poser, d'être centrée sur moi, d'être cachée sous la couette à regarder des films débiles et à manger des cacahouètes en buvant du Coca-cola. Phase de marasme appelée cocooning » m’expliquait une patiente.
Cette phase d'intériorisation, souvent apparentée au blues, à la déprime est culturellement parlant incorrecte, car « c’est incorrect d'avoir une déprime, alors que j’ai un super boulot, des amies, etc. » concluait-elle. Beaucoup de personnes prennent à ce moment-là des médicaments. Cela génère souvent des « zombies ». Or, ces périodes de troubles sont nécessaires et c'est d'ailleurs au cours de ces moments-là que se construit le plus l’identité.
Même si pendant cette phase, pourtant la personne peut reconstruire son identité. La France est championne du monde de la consommation d'antidépresseurs et de neuroleptiques, mais également en termes de taux de suicide. En ce qui concerne les dépressions notre pays se trouve dans le top 5 mondial. Souvent lié à la peur de la zone 4 (marasme), pourtant on doit y aller et plus on retarde l'échéance, plus le choc sera violent. Car le problème de la phase 4 n'est pas d'y être, mais d'y séjourner ! Si les personnes se posent les bonnes questions ( Qui suis-je ? Qu'est-ce que je veux pour moi ?…), elles en sortiront. Et si les gens en ont si peur, c'est parce qu'ils redoutent leurs émotions.
Petite histoire sur les émotions : "Un jour, un messager arrive à la cour du roi et il annonce que la fille du roi a épousé, en secret, le fils du pire ennemi du roi, un autre roi avec qui il est en guerre depuis de nombreuses années. Le roi entre dans une colère épouvantable et ordonne à ses armes qu’ils tuent le messager sur le champ. Avant d'enterrer ce dernier, on lui retire ses vêtements et l’on s'aperçoit que le messager est en fait la fille du roi qui avait utilisé ce subterfuge par peur d'annoncer elle-même la nouvelle à son père".
Moralité de l'histoire : Ne tuez jamais le messager, ne tuez jamais les émotions. Chaque émotion a un sens et une raison d'être, elle est porteuse d'un message si on l'écoute, on devient émotionnellement intelligent.
"Quelles sont les émotions que vous vivez ? Est-ce de la frustration, de la colère, de l'apathie, de la tristesse ? Chaque émotion est porteur d'un message, quel est-il ?
Et si en retour vous deviez poser une question, quelle serait-elle ? Si vous vous posez les bonnes questions, vous entrerez en phase 5 celle du renouveau...
... Le renouveau ou l'expérimentation
Après le deuil, on quitte une relation... Je sais ce que je veux, je sais ce que je ne veux plus. Je vais poser des actions nouvelles.
Écrire commentaire
Patco (jeudi, 23 avril 2020 18:31)
Merci pour cet article intéressant. J'aimerai ajouter une précision : l'entrée dans une relation en mode " sauveur" n'est qu'une des modalités d'entrée possibles. Une personne peut lancer une invitation dans un mode persécuteur auquel l'autre va répondre parce qu'il est sensible et habitué à ce modèle et qu'il n'en voit pas la nocivité.
Ceci m'amène à deux questions :
- le mode " sauveteur" est paraît il plus fréquent chez les femmes. Vous en pensez quoi ?
- une relation amoureuse passe t elle obligatoirement par un schéma s'inscrivant dans un modèle VPS ?
Merci
Réponse CabinetHPC (jeudi, 23 avril 2020 21:15)
« - le mode " sauveteur" est, paraît-il, plus fréquent chez les femmes. Vous en pensez quoi ? »
Réponse : À vrai dire, je ne suis pas sûre, les hommes aiment bien aussi être sauveur en mode « super-héros ». En consultation, je reçois malheureusement plus de femmes-Victimes et/ou en position de « Sauveur » épuisé. Mais après un développement personnel, la plupart sortent de ce triangle dramatique, car il fait appel à des mécanismes inconscients.
« - Une relation amoureuse passe-t-elle obligatoirement par un schéma s'inscrivant dans un modèle VPS ? »
Réponse : Obligatoirement non, mais la plupart du temps quand les personnes (les 2 protagonistes du couple) n’ont pas conscientisé au travers d’expériences de vie et/ou fait un « travail sur soi »… c’est très souvent le cas. Idem parfois lorsque l’un des conjoints évolue et que l’autre stagne.
Merci de cette contribution me permettant de réorienter le choix des prochains articles proposés.